Le financement non dilutif d’une startup désigne l’ensemble des solutions permettant de lever des fonds sans ouvrir son capital à des investisseurs.
Pour de nombreux fondateurs, il représente une alternative stratégique au financement dilutif (levée de fonds) : préserver le contrôle de l’entreprise tout en finançant son développement.
Subventions publiques, prêts à taux zéro, crédits d’impôt ou concours à l’innovation : les dispositifs sont nombreux, mais encore méconnus ou sous-exploités. Pourtant, bien utilisés, ils permettent de gagner du temps, de crédibiliser un projet… et d’éviter une dilution précipitée.
Cet article vous guide pour comprendre ce qu’est le financement non dilutif, comment l’obtenir, et comment l’articuler avec une future levée de fonds.
Financement dilutif vs non dilutif : de quoi parle-t-on ?
1. Financement dilutif : levées de fonds avec ouverture du capital
Le financement dilutif est le plus connu dans l’écosystème startup : levées de fonds auprès de business angels, de fonds d’amorçage, ou de fonds de capital-risque. Il consiste à émettre de nouvelles actions ou à céder des parts en échange d’un apport en capital.
Cela permet de lever rapidement des montants parfois conséquents, mais au prix d’une dilution du capital : les fondateurs perdent une partie de leur contrôle, et les investisseurs obtiennent des droits (vote, veto, liquidité prioritaire…).
Exemple : une startup valorisée à 2 M€ cède 20 % de son capital à un fonds pour 500 000 €. Les fondateurs passent de 100 % à 80 %, tout en intégrant un nouvel acteur dans leur gouvernance.
2. Financement non dilutif : définition et logique
Le financement non dilutif, au contraire, repose sur des ressources financières apportées sans contrepartie en capital : subventions, prêts d’honneur, avances remboursables, crédits d’impôt, concours, financements publics ou parapublics.
Ce sont des dispositifs temporaires, encadrés, souvent conditionnés à un projet ou à une activité innovante.
L’intérêt ? Aucun investisseur ne rentre au capital, ce qui permet de garder 100 % du capital tout en finançant la croissance, les recrutements, ou la R&D.
3. Tableau comparatif : dilutif VS non dilutif
Critère
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Financement dilutif
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Financement non dilutif
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Nature du financement
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Apport en capital
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Subvention, prêt, avance, crédit
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Contrepartie attendue
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Actions (parts) sociales
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Engagements opérationnels, parfois remboursement
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Impact sur le capital
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Dilution du capital des fondateurs |
Aucun impact sur la répartition du capital |
Gouvernance |
Entrées d’investisseurs avec droits d’associés |
Aucun droit de gouvernance |
Formalités juridiques
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Pacte d’associés, émission de titres, modification des statuts |
Convention de financement, conditions d’éligibilité |
Montant moyen mobilisé
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100K à plusieurs millions |
10K à 1M, parfois plus en deeptech par exemple |
Exemples
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Levées de fonds VC, business angels, love money |
BPI, I-Lab, prêt d’honneur, CIR, aides régionales |
4. Une stratégie complémentaire et non exclusive
Les deux types de financement peuvent (et doivent) se combiner dans une logique de construction progressive.
En phase d’amorçage, le non dilutif permet de préparer une levée dilutive en apportant des preuves de marché ou des premiers revenus.
En phase de scale-up, il peut servir à cofinancer des projets stratégiques sans réduire la valorisation de l’entreprise.
Les grandes catégories de financement non dilutif
1. Subventions et aides publiques
La France propose un écosystème particulièrement riche d’aides publiques, au niveau national comme local. Parmi les plus connues :
- Bpifrance, avec des dispositifs comme l’Aide à la faisabilité, French Tech Seed, ou le Plan Deeptech ;
- les concours i-Lab, i-Nov, ou Réseau Entreprendre ;
- les aides régionales, souvent gérées par les agences de développement économique.
Ces subventions sont non remboursables, mais conditionnées à des projets concrets (prototypes, embauches, dépôt de brevets, etc.).
2. Crédits d’impôt et dispositifs fiscaux
Les dispositifs fiscaux sont des formes puissantes de financement non dilutif indirect :
Ces mécanismes améliorent significativement la trésorerie et peuvent faire l’objet de préfinancements.
3. Prêts non dilutifs
Certains prêts, bien qu’obligatoires à rembourser, peuvent être qualifiés de non dilutifs car ils ne touchent pas à la structure capitalistique :
- Prêt d’honneur via des réseaux comme Initiative France ou France Active ;
- Prêt Innovation, Prêt Amorçage ou Prêt croissance TPE par Bpifrance ;
- Prêts bancaires garantis, notamment avec des garanties publiques à hauteur de 60 à 80 %.
Ces outils permettent de compléter une levée de fonds ou de la retarder.
4. Revenus anticipés ou financement basé sur le chiffre d’affaires
De nouvelles solutions émergent, notamment pour les startups SaaS ou e-commerce :
- financement du revenu récurrent (par exemple via Unlimitd, Karmen ou Silvr) ;
- factoring digitalisé ou préfinancement de marchés publics ;
- financements alternatifs adossés aux flux de revenus prévisibles.
Pour en savoir plus, découvrez les meilleures options en 2025 pour une levée de fonds non dilutive.
Quel dispositif pour quel profil de startup ?
Dispositif
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Idéal pour…
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Objectif |
Conditions clés
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Montant moyen
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BPI France
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Startups innovantes en amorçage ou deeptech |
Financer un projet R&D ou technologique |
Innovation, projet structuré, dépenses éligibles |
30 000 à 200 000 € |
Concours (I-lab, I nov, Tremplin)
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Projets innovants à fort potentiel |
Financement et visibilité nationale |
Dossier solide, innovation forte, impacts clairs |
Jusqu’à 600 000 € |
Aides régionales / départementales |
Startups ancrées localement |
Soutien à l’emploi, à l’investissement |
Localisation, cofinancement, effet levier attendu |
10 000 à 150 000 € |
Crédit d’impôt recherche (CIR)
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Startups avec activité de R&D régulière |
Récupération de 30% des dépenses R&D |
Dépenses R&D éligibles, documentation technique |
10 000 à plusieurs centaines de K€ |
Crédit d’impôt innovation (CII) |
PME développant des produits nouveaux non commercialisés |
Réduction des coûts d’innovation produit |
Être une PME, innovation technique |
Jusqu’à 120 000 € |
Statut Jeune Entreprise Innovante (JEI) |
Startups de moins de 8 ans avec forte intensité R&D |
Exonérations fiscales et sociales |
Création < 8 ans, 15 % des charges en R&D |
Variable |
Prêt d’honneur (Réseau entreprendre, France Active,...) |
Startups en création ou amorçage avec accompagnement |
Premier coup de pouce sans garantie |
Coaching obligatoire, comité d'engagement |
10 000 à 50 000 € |
Prêt Innovation / Amorçage (Bpifrance) |
Startups avec produit ou traction à développer |
Financer l’industrialisation ou l’export |
Cofinancement ou levée en cours souhaitable
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50 000 à 300 000 € |
Prêts bancaires garantis (via BPI ou EIF) |
Startups avec business model validé et peu de fonds propres |
Complément d’investissement |
Garantie publique partielle, validation bancaire |
Selon projet |
Financement MRR (Silvr, Karmen, Unlimitd…) |
Startups SaaS ou e-commerce avec revenus récurrents |
Financer l’acquisition client ou la croissance
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Données de revenus vérifiables, scoring automatisé |
50 000 à 250 000 € |
Financement de factures ou bons de commande |
Startups travaillant avec grands comptes ou marchés publics |
Préfinancement de trésorerie |
Créances sécurisées, délais de paiement clients |
Variable |
Conséquences du financement non dilutif : startup vs investisseurs
1. Pour la startup : autonomie et flexibilité
Le financement non dilutif permet de garder la main sur sa vision, de décider seul des priorités stratégiques, sans répondre à des investisseurs pressés de sortir. C’est aussi un moyen de retarder une levée dilutive pour obtenir de meilleures conditions.
2. Pour les investisseurs : un signal à double tranchant
Certains fonds voient le non dilutif comme un levier vertueux, prouvant la capacité du fondateur à structurer un projet. D’autres y voient un risque de dilution insuffisante de l’équipe en place. D’où l’importance de présenter le non dilutif comme un accélérateur vers une levée bien cadrée.
3. Sécurisation juridique indispensable
Beaucoup de dispositifs non dilutifs s’accompagnent de conditions suspensives, d’exigences de reporting, voire de clauses de remboursement si les engagements ne sont pas tenus. D’où la nécessité de bien encadrer contractuellement chaque aide obtenue.
Pourquoi se faire accompagner dans une stratégie de financement ?
Chaque dispositif a ses spécificités : critères d’éligibilité, dates de dépôt, montants, cumul possible, obligations déclaratives… Un accompagnement juridique permet de :
- faire les bons choix au bon moment ;
- sécuriser les relations avec les financeurs publics ;
- anticiper les impacts en cas de levée de fonds ultérieure.
Bold Avocats assiste les startups dans le montage de leurs demandes, la négociation des conventions, et la structuration juridique d’une stratégie de financement non dilutif startup cohérente et solide.
Foire Aux Questions (FAQ)
Qu’est-ce que le financement non dilutif ?
C’est un financement sans ouverture du capital, obtenu sous forme de subventions, de prêts ou d’aides fiscales, permettant de garder le contrôle de l’entreprise.
Comment obtenir un financement non dilutif ?
En identifiant les aides disponibles (BPI, concours, crédits d’impôt…), en constituant un dossier solide, et en respectant les critères d’éligibilité. L’accompagnement par un avocat est conseillé pour éviter les erreurs.
Quels sont les 4 modes de financement les plus courants ?
Subventions, crédits d’impôt, prêts d’honneur ou innovation, et financement de revenus récurrents.
Financement dilutif et non dilutif : quelle différence ?
Le dilutif implique une cession de capital (levée de fonds), le non dilutif non. Le premier est rapide mais implique une gouvernance partagée, le second est plus exigeant mais protège l’actionnariat.
Peut-on combiner les deux ?
Oui, et c’est même recommandé. Le non dilutif renforce votre dossier de levée de fonds.
Quels sont les risques du financement non dilutif ?
Inéligibilité, obligation de remboursement en cas de non-respect des conditions, ou rejet de certains financeurs si mal structuré.
Conclusion
Le financement non dilutif startup est un levier puissant pour financer un projet sans sacrifier le contrôle capitalistique. En 2025, les solutions disponibles en France sont nombreuses, mais nécessitent une stratégie rigoureuse, un suivi administratif précis, et souvent un accompagnement juridique.
Chez Bold Avocats, nous vous aidons à bâtir une stratégie sur mesure, à sécuriser chaque étape, et à créer les meilleures conditions pour la suite de votre développement.